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Ergonomie des logiciels


Une nouvelle approche des méthodologies d'informatisation
M. Barthe

L'objectif de cet ouvrage est de présenter les apports de l'ergonomie des logiciels en proposant des solutions pratiques pour les mettre en oeuvre.

Ergometh se présente sous la forme d'un guide pratique qui suit la progression de la démarche en indiquant les différents aspects à étudier à la manière d'une check-list. Cette présentation donne un cadre de référence idéal, mais l'application de la démarche peut être modulée. La mise en oeuvre de la méthode reste sous la responsabilité du chef de projet et dépend du contexte de l'étude, de la finalité et de la taille du projet, des compétences disponibles en interne et des aléas. Les aspects techniques liés à la réalistion des logiciels sont écartés car leur ergonomie est un problème de conception et non de technologie.

Une méthode, quelle qu'elle soit, n'est qu'un moyen pour parvenir à un résultat. Il n'y a pas une bonne ou une mauvaise application de la méthode, mais simplement une mise en oeuvre adaptée ou pas.

Les 7 règles d'or selon J. Coutaz :

  1. Lutter pour la cohérence (éviter les exceptions)
  2. Lutter pour la concision
  3. Réduire la charge cognitive (utiliser l'ordinateur comme extension de la mémoire à court terme).
  4. Mettre le contrôle entre les mains de l'utilisateur.
  5. Souplesse.
  6. Structurer le dialogue.
  7. Prédire les erreurs.

Les étapes du recueil d'information :

Commande initiale

Préciser les objectifs stratégiques du projet et les attentes du commanditaire en terme de résultats à atteindre. Le travail de cette étape se concrétise par la rédaction d'un contrat d'intervention qui régit les rapports du maître d'ouvrage et du maître d'oeuvre.

Analyse macroscopique du fonctionnement de l'organisation

La responsabilité de ce travail appartient au maître d'oeuvre. Il doit décrire les procédures prescrites sans empiéter sur l'analyse de l'activité réelle des opérateurs.

Choix provisoire d'une cible

L'objectif est d'ébaucher un projet concret d'avenir à partir des conclusions de l'analyse macroscopique. L'analyse systémique est très utile dans cette approche pour établir un diagnostic global de la situation et construire des solutions pertinentes. Il peut être judicieux d'associer les solutions classiques aux systèmes à base de connaissance, à la gestion électronique des documents, à la gestion du travail de groupe, ou à l'échange électronique de documents.

Le processus d'élaboration des solutions n'est pas arrivé à son terme. Les choix retenus à ce niveau de l'étude sont indicatifs et provisoires. Il faut se reserver explicitement la possibilité de changer ces orientations.

Analyse microscopique de l'activité des opérateurs

L'objectif est d'intégrer le point de vue des opérationnels dans la conception des solutions à mettre en oeuvre. La prise en compte de l'expérience et du savoir-faire des cadres et des opérateurs de base permet de valider le diagnostic des dysfonctionnements et d'améliorer la pertinence des solutions proposées.

Choix définitif de la cible

L'objectif est d'arrêter le choix définit de la cible à atteindre.

Prescription de l'organisation macroscopique

L'objectif est de décrire complètement la structure organisationnelle du nouveau système à mettre en place.

L'intervention vise notamment à détailler le nouveau rôle des unités de travail, les chaînes d'activités à mettre en place, les nouveaux formulaires et le service attendu de l'automatisation.

Prescription de l'activité future

L'objectif est de borner la latitude décisionnelle des opérateurs de manière explicite. Les missions des postes de travail sont déjà fixés, mais il reste encore à préciser le niveau d'autonomie des acteurs. Le but n'est donc pas d'imposer une manière rigide de travailler, mais de définir une philosophie générale pour encadrer le travail des opérateurs.

Cette attitude, ferme sur le fond et souple sur la forme, semble apporter un bon compromis aux exigences contradictoires des intérêts individuels et collectifs. Le modèle décrit la réalisation concrète d'une tâche par l'opérateur. Le résultat explicite les règles à respecter au niveau des postes de travail.

Les étapes de mise en oeuvre des décisions :

Plannificiation des opérations

L'objectif est d'organiser dans le détail le passage de la situation présente à la cible visée. L'étape commence quand la cible à atteindre est connue dans tous ses détails. L'intervention vise à dresse l'inventaire exhaustif des opérations à réaliser, à répartir le travail, à désigner les responsables, à coordonner l'intervention des différents intervenants et à contrôler la qualité des prestations fournies. Il faut notament prévoir les travaux d'aménagement, le déménagement des services, les commandes de mobilier, de matèriel et de fournitures, la formation, le développement et la documentation du logiciel, etc. Les échéances sont fixées à ce moment. Le résultat doit permettre aux intervenants de savoir ce qu'ils ont à faire, pour quelle date et pour quel prix.

Réalisation technique des outils

Les réalisations techniques peuvent accompagner le changement sur le plan de la gestion des ressources humaines, de la formation, de l'informatique, de la logistique, de la communication, etc. La conception de l'interface homme-ordinateur est fortement imbriquée avec la conception de l'architecture technique du logiciel et l'évaluation. Le processus n'est donc ni linéaire, ni autonome : les phases de conception alternent avec les phases de simulation, de tests, de correction jusqu'à l'obtention des performances d'usage fixées a priori. (Modèle de développement en spirale : analyse >> conception >> réalisation >> test >> analyse >> conception >> réalisation >> test >> analyse...) A ce niveau de l'étude, les indicateurs de performance sont très utiles pour arrêter la quête d'amélioration et passer à l'étape de production. En effet, le plus difficile pour le concepteur est souvent de sortir de la spirale "perfectionniste". La conception de l'interface homme-ordinateur permet de spécifier le logiciel en allant de l'externe vers l'interne : la représentation conceptuelle = point de vue du concepteur, la représentation externe = point de vue de l'utilisateur, la représentation interne = point de vue du programmeur.

Mise en place du dispositif

La mise en place est un moment important qui est souvent négligée sur le plan méthodologique car elle arrive en bout de course. Il est conseillé de tester le nouveau système sur un site pilote avant la phase de généralisation.

Un suivi statistique est indispensable pour cerner les principales difficultés d'utilisation et pour faire évoluer le logiciel dans le bon sens. Les moyens normalement utilisés sont l'assitance téléphonique et la mise en place de correspondants locaux chargés d'assurer un premier niveau de maintenance.

Contrôle de conformité

Les contrôles de conformité visent à mesurer l'écart entre le résultat obtenu et les objectifs poursuivits. Cette recherche permanente d'efficacité est comparable dans son principe à la veille technologique. La surveillance du fonctionnement interne de l'entreprise repose principalement sur la constitution de tableaux de bord qui répertorient les incidents constatés et les critiques exprimées. Il est intéressant de compléter ce dispositif statistique par des enquêtes de terrain effectuées après la période de rodage, quand la situation de travail est stabilisée en phase normale d'exploitation. L'évaluation doit permettre de mesurer et d'expliquer les écarts entre la cible visée et l'état de l'organisation afin de prendre les mesures correctives qui s'imposent.

M. Barthe
Editions Masson
ISBN:2-225-84765-7