La ligne blanche typographique
Dans la typographie de sites de deuxième génération, les concepteurs de sites permettent à la feuille de styles par défaut d'insérer une ligne blanche d'espace entre deux paragraphes marqués de façon appropriée avec des balises <P>. Dans celle de sites de troisième génération, les concepteurs utilisent des retraits, quoi qu'il leur en coûte de les réaliser.
Lorsque vous utilisez des lignes blanches comme séparateurs de paragraphes, la ligne blanche perd son sens. Elle devint une ponctuation. Dans la typographie de troisième génération, les retraits désignent les séparations de paragraphes et la quantité appropriée d'espace blanc vertical - une ligne blanche, parfois plus - indique la séparation de sections, les paragraphes étant ainsi regroupés en blocs logiques pour assurer une meilleure lisibilité. Sans cet outil efficace, les lignes blanches dominent la situation et il vous faut quelque chose de plus distinctif (une ligne horizontale par exemple) pour indiquer une coupure impotante dans le texte. Ce type de typographie poussive dégénère jusqu'à l'apparition de pages Web bourrées uniquement de séparateurs.
Voici ce qu'a déclaré le grand typographe Jan Tschichold à propos des retraits : "A ce jour, aucun élément plus économique, ni même aussi efficace, n'a été trouvé pour mettre en évidence un groupe de phrases. Les tentatives de remplacer une ancienne habitude par une nouvelle ont néanmoins été nombreuses".
Lecture recommandée : "The Form of the Book" de Jan Tschichold (Harley and Marks Publishers, 1991)/ Cet auteur a été l'un des concepteurs typographiques les plus influents de ce siècle et cet ouvrage est de loin l'un des plus importants jamais rédigés dans ce domaine.
Les règles horizontales
Les règles horizontales ne remplaceront pas une bonne hiérarchie et une organisation appropriée de l'espace vertical d'une page Web.
On y trouve des millions de lignes horizontales qui occupent de l'espace et rompent le flot naturel des pages. Les règles horizontales ne sont pas des séparateurs, mais des barrières.
Elles ne sont utiles que sur les premières pages de journeaux très encombrées où l'espace est si précieux que tout blanc devient trop "coûteux". Les journaux doivent recourir à ce type de compromis, pas les pages Web.
Des images d'arrière plan génantes
Les images d'arrière-plan ont envahi le Web dans des proportions inquiétantes.
Les gens utilisent des images d'arrière-plan parce qu'elles participent au "thème" de la page ou parce qu'elles "remplissent tout cet espace libre". C'est une approche simpliste de la conception de page qui, souvent, défénère. Les arrière-plans nuisent plus que tout autre élément aux pages Web.
Des concepteurs imprudents se laissent emporter, les pixels virevoltent dans tous les sens et certains surfers en souffrent. Le seul arrière-plan valable est un arrière-plan uni ou quasi uni. Les papiers cadeau ne sont pas de bons supports d'écriture.
Un temps de chargement trop long
Des conversations entre amis peuvent supporter de longues périodes de silence, mais peu de pages Web peuvent se permettre des temps de chargement trop longs. Idéalement, la plupart des pages d'un site doivent être d'une taille inférieure à 30 Ko, quelques-unes pouvant faire de 30 à 50 Ko et peut-être une ou deux atteindre les 70 Ko. Si vous voulez contraindre vos visiteurs à aller déjeuner pendant le chargement de votre page, bourrez-la de GIF 8 bits avec juxtaposition en avant-plan sans oublier un JPEG énorme de haute qualité en arrière-plan. Etalez les transferts les plus lourds en réutilisant habilement certains éléments. Une fois chargés, ils sont placés en mémoire cache et peuvent s'afficher quasiment instantanément.
Crénelage, juxtaposition et halos
Le crénelage est le phénomène qui fait apparaître des dentelures. Considérez ces dentelures comme des défauts. Ells se glissent dans vos images et altèrent la qualité de votre site. Bien qu'elles permettent de réduire la taille des images, elles donnent également l'impression que vos images ont été grignotées par des fourmis dévoreuses de feuilles. Efforcez-vous d'éliminer les lignes crénelées ou les zones pixelisées de vos images qui devraient être lisses.
La juxtaposition est une autre forme de crénelage, dans la mesure où les pixels sont également visibles. Les images juxtaposées ont généralement piètre allure, à moins qu'il ne s'agisse de reproductions photographiques qui devraient alors être au format JPEG et non pas GIF.
Les halos représentent le symptôme le plus grave de la maladie du pixel. Ils se produisent le plus souvent lorsque vous supposez chez vos visiteurs un certain arrière-plan de navigation (gris par exemple) et que vous lissez vos images en fonction de cet arrière-plan. Tous les visiteurs ayant choisi un arrière-plan blanc dans leurs paramètres préférentiels verront des halos gris autour de toutes leurs images.
Les feuilles de Styles
Utilisez le CSS (Cascading Style Sheets) pour distinguer le contenu du style. Le CSS est la vague sur laquelle surfe l'avenir de la conception de sites Web. Apprenez et appliquez les spécifications W3C des feuilles de styles et protocoles associés. Encouragez les revendeurs de navigateurs à fournir des implémentations CSS qui respectent à la lettre les spécifications W3C. Ne laissez pas les mauvaises implémentations d'aujourd'hui devenir les standards de demain.
Paralysie
L'une des choses les plus difficiles sur le Web consiste à créer une page irréprochable. En effet, il y a toujours quelque chose ) améliorer. Si vous possédez un site, vous savez qu'il présente des zones que vous n'avez pas modifiées depuis longtemps - et deux malheureux mois représentent un siècle pour le Web.
Nous commençons toujours par des règles horizontales et une typographie avec lignes blanches. Ces aspects font partie de la procédure d'apprentissage. A mesure que nous maîtrisons mieux nos pages, nous plaçons notre propre barre plus haut. Nous nous efforàons de créer des pages plus belles en ajoutant de nouveaux outils à notre panoplie. Le travail n'est est pas plus facile, mais les résultats en sont améliorés.
Le milleur conseil à donner à un concepteur est certainement de se retrousser les manches et de se mettre au travail. Commencez par déplacer des pixels et des tableaux et constatez ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Une page parfaite ne s'obtient jamais du premier coup, ni du deuxième, ni du troisième. Il est indispensable de repenser constament ses pages. Un site Web est une aventure. C'est un peu comme une croisière au long cours. Vous vous donnez un but, vous commencez votre voyage et vous finissez ailleurs. Mais ce lieu s'avère plus intéressant que celui que vous envisagiez de visiter. Bien que les pages doivent absolument être maîtrisées, le but de ce livre est d'avoir donné des ailes à notre créativité en vous libérant de la démarche mentale étroite et linéaire imposée par la programmation en HTML.
Le HTML n'est pas destiné aux imbéciles. On ne peut pas le maîtriser en une semaine. Ctéer des pages superbes est un travail exigeant que vous pouvez toujours améliorer. Les concepteurs de sites de troisième génération progressent avec difficulté : ils transpirent sur certains détails et exploitent tous les outils mis à leur disposition pour obtenir des pages bien équilibrées, esthétiques et riches en contenu. Peut-être que le jour où vous aurez réussi à créer un site de troisième génération, des gens que vous ne connaissez pas viendront le visiter, l'aimeront; vous adresseront du courrier électronique et se brancheront de manière inattendue. Ce jour là, vous saurez que votre travail méritait les efforts consentis.
David Siegel
Editions Campus Press ISBN:2-7440-0429-4 |